Je m’appelle Nicolas, je suis né le 25 mars 89 à Montréal, précisément à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

J’ai une grande sœur et des cousines. Ma mère a une sœur jumelle qui a eu deux filles, et des quatre je suis le seul qui n’est pas né à Saint-Justine.

Sinon je suis qui, je suis un artiste. Je fais de la photo, je fais de la musique. Tous mes champs d’intérêt que j’ai eu, tous les emplois que j’ai voulu avoir dans ma vie, mes rêves d’enfants, tout était toujours lié à l’art. Quand j’étais petit, je voulais être ingénieur des ponts, en pensant que c’était juste de dessiner des ponts. Après ça, je voulais être designer automobile pour dessiner les voitures, créer les modèles. J’ai voulu être animateur 3D pour les films et jeux vidéos. Après ça, j’ai commencé à jouer de la musique au Cégep, j’en fais encore, ça fait plus que 10 ans.

Entre-temps j’ai été dans un groupe. Quand le groupe allait un peu moins bien j’ai commencé à faire de la photo un peu par hasard. En fait, j’ai commencé à faire de la photo parce que je voulais m’occuper musicalement et puis j’ai commencé à faire des reprises vidéo pour YouTube. Puis mon amie m’a prêté sa caméra, et elle a fini par me la vendre, alors je suis parti en voyage avec. J’ai beaucoup aimé, et puis j’ai commencé après à faire du portrait en revenant de voyage, et ça a donné lieu à une nouvelle passion.

Et là, est ce que tu vis de ton art ?

À moitié je dirais. Je suis avec un employeur, mais sur appel, c’est des mandats événementiels, une fois de temps en temps. Je dirais que c’est à peu près 50% de mon revenu, puis l’autre 50% c’est pas mal la photographie. Je suis aussi technicien de scène, ça m’arrive de temps en temps de prendre des gigs pour installer du son, un peu d’éclairage pour des événements.

Pendant un certain temps j’ai travaillé sur un podcast, comme technicien. C’était une fille que j’ai rencontré, qui était amie avec ma cousine, puis un jour comme ça, ma cousine m’envoie sans contexte et me dit « écoute ça et dis-moi ce que tu en penses ». C’était le début du podcast, j’ai fait mes commentaires, et elle m’a dit « oui elle veut te rencontrer, te parler ». On a commencé à discuter et elle s’est rendue compte que je faisais du son, et là elle voulait que je l’aide avec son podcast à arranger tous les défauts, refaire le montage, faire les coupures, couper ses hésitations quand elle parle, etc. Puis c’était comme ça pendant à peu près un an et demi, on a travaillé ensemble sur le podcast. Elle me payait pour, mais là elle a décidé d’arrêter le podcast récemment.

Mais sinon ouai, je fais de la photographie, c’est pas mal 50% de mes revenus en ce moment. Ça fait un an que je le fais sans avoir une job temps plein salarié, et ça me permet d’avoir plus de temps pour en faire. Parce que quand tu travailles à temps plein, tu n’as pas le temps de te concentrer sur tes projets artistiques. Tu le fais pendant tes temps libre, mais tes temps libres, tu as envie de te reposer. Parce que tu travailles à temps plein, tu fais du 35-40 heures ou plus, et quand t’arrives le soir tu as juste envie de manger, t’écraser, regarder Netflix, ou même sortir prendre un verre, mais juste te détendre, pas aller faire un contrat de plus.

Mais j’ai perdu cet emploi là il y a un an, et ça a duré quelques mois. Je l’ai perdu en octobre 2017. J’avais déjà commencer à prendre des contrats, mais là j’ai été full-time travailleur autonome, puis ça fait un an.

Là, tu habites où ?

J’habite à Outremont, à la limite du Mile-End, c’est près de l’avenue de Parc Laurier. C’est vraiment cool comme coin, il y a tout autour, il y a plein de bars et cafés, d’épiceries indépendantes. Il y a le Mont-Royal à deux pas, j’y vais courir des fois.

Puis je partage mon appartement avec ma soeur, mais elle vit à Chicago, donc c’est juste un pied à terre pour elle. Elle a sa chambre dans mon appart, dans mon quatre et demi, mais 95% du temps j’y vis seul.

Et ça fait longtemps que tu es parti de chez tes parents ?

Ça fait quatre ans et demi, je suis parti en été 2014.

Comment il s’est fait le move ?

À l’époque je travaillais pour la Fondation des Grands Frères et Grandes Soeurs de Montréal. C’est du mentorat pour les jeunes. En fait l’association trouve des jeunes pour faire du mentorat pour les plus jeunes. Elle s’occupe s’occupe de récolter des dons en vêtements, meubles et bien divers pour les revendre au Village des Valeurs au poids. Et puis les profits sont versés à l’association. Donc moi j’ai commencé là bas, je travaillais en entrepôt, ce qui m’emmerdait profondément comme travail, mais éventuellement j’ai eu l’opportunité d’aller dans les bureaux. Ils ont créé un projet qui au lieu de juste attendre que les gens donnent, ils ont engagé une vingtaine de téléphoniste pour appeler, et tout. Puis moi, ils avaient besoin de moi dans le bureau pour aider à gérer les routes des camionneurs et à gérer les appels. Puis comme ça je travaillais à temps plein et je me suis dit c’est le bon moment pour faire le move. Mais le projet a duré quelques semaines. Puis après ça, ils ont aboli parce que ça perdait trop d’argent.

Mais moi j’étais comme, ben là je suis rendu à 25 ans… Je me suis dit ben c’est quand même le moment que je parte de chez mes parents. En plus ils habitent loin, ils habitent à l’autre bout de la ville. à Rivière des Prairies. Il n’y a rien là, c’est comme 35 minutes minimum de bus express pour aller au métro le plus proche. Donc j’avais besoin de partir. J’ai pris le risque, j’ai commencé à faire mes boîtes. Puis il y a une amie à moi qui m’a dit « mon ami et son ami à elle cherchent un nouveau coloc ». Donc, j’ai pu avoir un appart pour pas cher super bien placé, près du métro Snowdown, un grand appart vraiment bien illuminé, bien éclairé. J’ai pris l’appart, puis une semaine après j’ai trouvé une job de bureau temps plein. J’ai pas aimé le travail en tant que tel mais bon c’était bien timé, le timing était parfait. J’ai déménagé de chez mes parents et puis j’ai plus eu besoin de me fier sur le chômage. J’ai trouvé l’emploi assez rapidement, puis c’est comme ça que j’ai fait le move.

Comment tu as vécu le fait de partir de chez tes parents, d’être autonome, de devoir t’occuper des taches ménagères, etc. ?

Ça a fait bizarre. Il a fallu que j’apprenne, un peu avant de partir, à faire ma lessive et tout, parce que c’était toujours ma mère qui faisait la lessive de tout le monde une fois par semaine. J’avais jamais à m’occuper de ça. J’ai dû apprendre à faire ça, j’ai du commencé à faire mon épicerie… J’sais pas c’était bizarre. C’est comme le moment où je sentais que je commençais vraiment à être adulte adulte là, à devoir être indépendant. Même si j’avais mes colocs, c’étaient pas des gens de ma famille, donc il fallait quand même que je sois indépendant, je ne pouvais pas me fier sur personne d’autre.

Mais je dirais que ça s’est quand même bien passé. Ça a été un certain temps pour s’adapter mais ça a bien été. Ça m’a fait du bien en fait de ne plus avoir mes parents sur mon dos. J’adore mes parents mais quand t’es rendu à 25 ans, et tu sens un peu qu’ils sont sur ton cas, je ne sais pas, c’est un peu emmerdant.

Qu’est ce qui a marqué ton enfance au niveau culture?

Grosse question…

Je pense que le premier film que j’ai vraiment regardé tout le temps tout le temps et que ma soeur et moi on connaissait par cœur, c’était Le Roi Lion.

Moi aussi!

Ouai? D’ailleurs je suis assez excité, en 2019, le nouveau qui va sortir. Mais ouai on le connaissait par cœur, on le regardait tout le temps. On disait les répliques en même temps qu’eux et tout.

Sinon musicalement j’ai beaucoup été influencé au départ par les goûts de ma sœur, parce que c’est ma grande sœur. Puis à un moment donné elle écoutait beaucoup de rock classique. Ah oui, ça c’est important : un jour j’ai reçu un album des Beatles. C’était l’album One. C’était les 27 singles principaux des Beatles. Puis à travers toutes les époques de leur carrière. C’est comme ça que je me suis mis à écouter du vieux rock. Puis aussi du rock indie, la musique haïtienne. Je suis d’origine haïtienne, des deux côtés de ma famille, donc ce que j’ai entendu dans mon enfance, quand j’étais bébé, quand j’ai commencé à me mettre sur mes deux pieds et commencé à danser, c’était sur de la musique haïtienne. Donc les Tabou Combo, Michel Martelly ou Sweet Micky.

J’ai beaucoup été marqué par Titanic aussi, étrangement. Je ne sais pas pourquoi j’avais une fascination pour ce film là, pour l’histoire en tant que telle. J’aimais beaucoup dessiner quand j’étais petit. Puis quand j’ai vu le film, je me suis mis à dessiner des Titanic tout le temps. Sinon dans les autres films d’animation y avait Pinocchio. Parce qu’on avait les cassettes VHS, puis mes cousines et ma soeur et moi, on avait tous des cassettes différentes. Donc ma soeur avait La Petite Sirène, moi j’avais Pinocchio, mes cousines avaient Rox & Rookie, La Belle et La Bête, et tout ça. Le Roi Lion je ne sais pas c’était à qui en tant que tel, on l’avait chacun comme à plusieurs. Les quatre ensemble, on avait une grosse partie de la collection des films Disney qui sont sortis dans les années 80-90. Donc c’est sûr que tous ces films là ont marqué mon enfance mais particulièrement Le Roi Lion, Pinocchio… Oh, Histoire de Jouets aussi! Toy Story. J’ai beaucoup aimé Histoire des Jouets. J’étais très ému quand j’ai vu le troisième film sortir, je trouvais que c’était comme une parfaite fin. Là j’ai entendu qu’ils allaient faire un 4, puis je suis pas d’accord, c’était très bien comme ça.

Mais sinon à part ça…

Ah! Des vieux films. Mon père avait, ben encore, d’ailleurs il vient d’en acheter une, mais il a toujours eu une passion pour les vieilles Volkswagen. Puis il y avait le film Un amour de Coccinelle, de l’époque, qui est sortit dans les années 60, le film original, je sais pas si ça te dit quelque chose. Mais c’est une voiture plus ou moins anthropomorphique. Pas tout à fait parce que c’était vraiment une voiture voiture, mais sauf que la voiture était vivante. Puis c’était une Coccinelle. Puis là le propriétaire faisait des courses avec, et tout. En tout cas, c’était un des films qui m’a marqué aussi.

Adolescent je dirais, j’ai commencé à écouter un peu du Jimi Hendrix, puis c’était un de ceux qui m’ont influencé à acheter une guitare électrique.

C’est qui selon toi les héros de notre génération ?

Peut-être Steve Jobs, je dirais. Ça a vraiment créé un tollé quand il est décédé il y a quelques années…

T’sé beaucoup plus que Bill Gates, alors que pourtant à l’époque où j’ai grandi quand j’étais enfant, avoir un ordinateur Apple c’était quand même marginal. J’ai toujours grandi avec un PC. C’est quand j’ai commencé l’université que j’ai commencé à avoir des produits Apple. Mais ouai, Steve Jobs était un d’entre eux.

Peut-être Elon Musk… Même si ses solutions ne sont pas parfaites, il essaie quand-même de faire une différence. La voiture individuelle n’est pas souhaitable en tant que société, mais tant qu’à avoir la voiture individuelle autant avoir des voitures électriques. Puis c’est lui qui a vraiment changé la donne. Quand j’étais enfant, les voitures électriques on n’en voyait pas du tout. Je voyais les photos et tout, c’était des petites voitures minuscules complètement ridicules. Alors que lui est sorti avec sa première décapotable. Vraiment des belles voitures performantes et tout.

Mais je sais pas, peut-être que je dis ça puis ça ne sera pas le cas. C’est comme geek un peu de dire ça, Elon Musk…

Toi tu dirais qui ?

J’ai des références un peu de France, parce que je viens de France, mais là tout de suite la personne qui me vient, c’est Christiane Taubira. Elle est au gouvernement et elle représente vraiment la femme noire qui a fait sa place au gouvernement, qui malgré son physique, tu vois, elle est super belle, elle a réussi à s’imposer, à ne pas se laisser faire, comme quitter le gouvernement quand elle n’était plus d’accord et tout. Et qui continue à se faire entendre, et pour moi elle représente vraiment ce que notre génération en tant que femme, « doit » faire. Je trouve qu’elle ouvre la voie en fait.

Et puis après sinon, ça va être surtout des références musicales, genre Beyonce.

C’est vrai, on peut dire Beyonce, je vais dire Beyonce. I can relate.

Oh! Michael Jackson, aussi. Il a marqué beaucoup de générations différentes, il a été actif pendant les années fin 60, jusqu’à sa mort en 2008. Donc pendant une quarantaine d’années, il a fait une grosse carrière. Ouai je peux dire que sa musique m’a influencé aussi, mais pas dans le sens que j’ai pris son style, mais je ne sais pas, je l’ai trouvé juste cool.

Je me demande si il y a une personne qui n’a pas été influencé soit par Michael Jackson soit par Bob Marley. En plus, un peu les deux, genre tu ne peux pas passer outre.

J’ai hésité, je n’étais pas sûr si je devais dire Bob Marley tantôt. C’est clairement un artiste que j’aime beaucoup. Est-ce que j’ai grandi avec? Pas tant que ça. Mais j’apprécie beaucoup Bob Marley. Mais c’est comme, est-ce que je peux dire que c’est notre génération ou pas? Il a influencé beaucoup de générations différentes mais il est décédé avant notre générations. Mais quand même il a laissé une marque tellement profonde dans le monde, que ouai, je peux donner mon shoutout à Bob Marley aussi.

C’était quoi tes peurs quand tu étais enfant et ado ?

Enfant, je ne me rappelle pas, il faudrait que je demande à mes parents.

Ado… En fait j’avais beaucoup peur du jugement des gens. J’étais très, et je suis encore une personne timide, mais quand j’étais enfant puis ado c’était presque maladif, j’étais toujours en train de réfléchir à ce que les autres allaient penser.

Je suis le genre de personne, un exemple vraiment stupide, mais tu sais quand tu te trompes de direction dans le métro et que là tu dois sortir, prendre l’escalier, redescendre. Moi je ne faisais pas ça. Moi j’étais du genre à aller sortir, une fois j’ai fait ça. Puis je me suis dit « mais pourquoi je me donne tout cet effort là? ». J’ai pris dans une mauvaise direction. Je suis sorti et puis j’ai marché jusqu’à l’autre station pour pas avoir à faire le walk of shame pour redescendre de l’autre côté là, c’est complètement ridicule. Les gens s’en foutent là. Qu’est ce que les gens vont dire? « Ok il s’est trompé de direction. » So what? It’s not a big deal!

Donc ouai j’avais beaucoup peur de ça, j’avais peur de…

Étrangement, je ne sais pas, quand j’étais enfant, j’avais beaucoup d’amies filles. Quand j’étais ado j’avais beaucoup plus des amis gars, puis on dirait que j’avais peur de, c’est cliché, mais j’avais peur d’aborder les filles. J’avais peur d’être inapproprié ou d’être rejeté.

Est ce que l’art ça t’as aidé à te sentir plus à l’aise en société ?

Ouai, beaucoup. En fait je me réfugiais beaucoup dans l’art. Je dessinais beaucoup, j’étais toujours dans mon coin. J’ai toujours été une personne calme, tranquille. Puis je dessinais dans mon coin, je dessinais un peu de tout, des voitures, l’architecture et tout, des visages, peu importe. C’était une façon de me réfugier.

Quand j’avais 9-10 ans, j’avais une fascination pour le violon, puis j’avais commencé à jouer un peu du violon. Malheureusement ma prof est retournée en France. Puis je n’ai pas eu d’autre prof après. C’est triste parce que mon violon était loué, puis l’année que j’ai arrêté de jouer, ma grand mère m’en a donné un pour Noël. Je l’ai encore, même si je m’en sers plus, j’ai quand même déménagé avec de chez mes parents, il est dans mon placard. Des fois, je le prend, je le sors, je le regarde avec nostalgie un peu.

Plus tard en tant qu’adulte, quand j’ai commencé à être dans un groupe de musique, ça m’a aidé aussi. Parce que quand j’étais plus jeune, quand j’étais adolescent, j’ai toujours voulu être dans un groupe de musique, j’ai toujours voulu être capable de jouer de la guitare, de la basse et de la batterie. Comme ça je me disais, « ah je vais pouvoir être placé n’importe où dans un band de rock ». Parce qu’à l’époque c’est beaucoup ça que j’écoutais. Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, ma première guitare que j’ai eu c’était une guitare électrique, je jouais beaucoup de rock. Finalement je l’ai fait, j’ai acheté ma guitare électrique, j’ai commencé quelque temps après à jouer de la batterie aussi. Puis quand tu es dans un groupe c’est comme si les gens assument que t’es cool, juste le fait que t’es dans un groupe c’est déjà un facteur de coolitude assez marquant dans la tête des gens. Donc c’est comme si les gens se mettent à t’aborder différemment et tout. T’es pas juste le petit geek qui dessine dans son coin. Là tu montes sur scène, puis tu donnes un show là. Puis même si je suis quelqu’un de timide, même si je n’aimerais pas faire carrière solo puis être le centre d’attention, mais être sur scène c’est un feeling indescriptible. Ça vient me chercher, ça me donne un hype… suivre le public, voir la réaction du public à la performance que tu es en train de donner, c’est presque transcendantal.

Donc définitivement je me réfugie dans l’art.

Toute ma vie ça a été le cas. Étrangement mes parents ne sont pas artistes. Ma soeur un peu, elle dessinait aussi un peu quand elle était petite, elle jouait un peu de musique, elle jouait un peu de clavier. Puis des fois on jam ensemble. Donc on partage un peu cette passion là. Mais moi j’ai vraiment été next level, elle, elle étudie en psychologie, elle a fait un parcours en sciences humaines, alors que moi j’ai toujours fait un parcours qui se rapportait aux arts.

Ouai j’te feel. Pour moi l’art c’est, pour les gens un peu comme nous, le seul endroit où on peut être juste ce qu’on est, parce que dans tous les cas c’est cool que ce soit sur scène, que ça derrière l’appareil photo, derrière une toile, et tout.

Quand t’étais enfant ou ado, comment tu voyais le fait d’avoir 30 ans ?

Clairement quand j’étais enfant, pour moi quand t’as 30 ans t’es rendu adulte adulte, you got your shit together. T’as tes affaires en règle, t’es une personne responsable, t’as ta maison, t’as ta voiture, t’as ton bon emploi, tu gagnes l’argent, t’as une vie stable, et tout. C’est comme ça que je le voyais.

Mais je pense même adolescent aussi. Peut être moins parce que la différence d’âge commençait à diminuer, mais quand j’étais enfant… En fait j’ai un cousin que j’admirais beaucoup quand j’étais enfant et ado, qui est 15 ans plus vieux que moi, donc moi quand j’avais 15 ans il avait 30. Puis lui il s’est marié à peu près à cet âge là. Puis il a acheté une maison. Je voyais cet âge là comme étant l’âge à partir duquel tu es vraiment établi dans la vie. Alors qu’en fait ce n’est pas vraiment le cas.

C’est clair ouai, Surtout que notre génération là, j’ai l’impression que c’est un peu…

Ouai peut-être un peu l’époque des baby boomers c’était le cas, quand on a créé tellement d’emplois pour eux. C’est littéralement ça en fait, la raison pour laquelle au Québec l’infrastructure gouvernementale et bureaucratique est tellement lourde, c’est parce qu’on a créé plein plein plein d’emplois pour la génération baby boomers. Puis ça a fait en sorte que la génération X, celle qui est venue juste après, a beaucoup souffert du monde de l’emploi. Puis nous aussi. Mais comme là mettons ils sont en train de partir à la retraite les baby boomers, mais il y a quand même cette conception selon laquelle, nous on est une génération paresseuse ou bien pas sérieuse, comme, juste trouve toi un emploi puis reste là pendant 40 ans alors que ce n’est pas comme ça que ça marche aujourd’hui.

Parce que de un, je pense qu’on est, avec Internet, beaucoup plus exposé à autre chose. Il y a des gens qui font carrière sur YouTube là carrément comme juste à faire des vidéos YouTube, puis ils font des millions comme ça. Donc il y a un changement de paradigme qui fait en sorte que la manière dont vous, les baby boomers avez vécu pendant toutes ces années là, ce n’est pas nécessairement la seule manière de vivre pour réussir sa vie. Donc je sens qu’il y a beaucoup d’incompréhension de la part des deux côtés. Nous envers les baby boomers et eux envers nous. Mais évidemment nous, on est notre génération à nous donc c’est facile de dire, on se fait accuser de plein de choses, et on accuse en retour en disant vous, vous avez eu la belle vie là, on a créé de la job pour vous donc…

C’est quoi être adulte et à partir de quand on le devient ?

Être adulte c’est… t’es la seule personne responsable de toi même. Ça ne veut dire qu’il n’y a pas des gens autour de toi qui peuvent t’aider mais si t’es malade, si t’as des problèmes, en premier c’est toi qui doit t’en occuper avant de devoir demander à d’autres personnes, t’es responsable de toi, t’es responsable de ta tête.

Ça vient avec l’indépendance, avoir son propre revenu. Moi je n’ai pas eu mon propre revenu avant d’être adulte en fait. Même quand j’habitais chez mes parents, je n’ai pas travaillé en tant qu’ado. Peut-être que ça aurait aidé. C’est comme une étape pour un peu rendre la transition vers l’âge adulte plus smooth. Là j’ai comme eu un peu, pas tout d’un coup parce que j’ai quand même travaillé quelques années avant de quitter chez mes parents, mais je ne sentais pas que j’étais à adulte adulte, je n’avais pas de responsabilités, je pouvais sortir avec mes amis, revenir à n’importe quelle heure, puis il n’y avait pas vraiment de conséquence. J’ai déjà fait des nuits blanches puis travailler le lendemain matin, puis il n’y a pas vraiment de réelles conséquences à ça.

Mais quand tu es adulte, c’est là que tu te rends compte que ce que tu fais il y a des conséquences. Tu ne peux pas être irresponsable, tu ne peux pas te permettre d’être irresponsable. Parce que si tu es trop irresponsable, tu perds ton emploi et tout, c’est ton problème jusqu’à un certain point.

Donc je dirai que c’est le moment où tu te rends compte que même si tu sent que t’es pas quelqu’un qui a tes choses en ordre dans la vie, mais c’est quand même toi qui est responsable de toi-même, mais uniquement toi. Et encore pire si t’as des enfants, Dieu merci c’est pas encore mon cas.

T’as répondu à partir de quand tu es devenu adulte, c’est vraiment au moment où tu es parti de chez tes parents?

Oui, parce qu’avant ça, pendant un certain nombre d’années, je n’avais pas d’emploi stable. Je travaillais en fait comme technicien scène mais ça me donnait quelques heures une fois de temps en temps, c’était loin d’être assez pour vivre. Mais à partir du moment où tu quittes chez tes parents, tu n’as plus le choix, il faut que tu bosses. Si il faut que tu prennes une job que tu n’aimes pas, c’est ça ou bien tu reviens chez tes parents. Puis moi il n’est pas question que je revienne chez mes parents. Pas parce que je n’aime pas mes parents mais dans la vie on avance, on recule pas. Il faudrait vraiment que je sois extrêmement mal pris pour devoir revenir chez mes parents.

Comment tu vis le fait d’avoir bientôt 30 ans, et le fait de vieillir de manière générale ?

J’ai de la misère à le croire en fait, parce que quand j’étais petit j’imaginais « Ah oui en 2019 j’aurai 30 ans, ahahah ».

Est ce que tes parents te voient comme un adulte et te prennent au sérieux ?

Maintenant oui. Ma mère ça n’a jamais vraiment été un problème, mais mon père, il faut toujours que je prouve d’une certaine manière. Quand j’étais en train de faire mes démarches pour quitter chez mes parents, il prenait pas au sérieux, il faisait des blagues, avant que je commence vraiment à faire les démarches, il disait « Ah oui c’est bien t’as pas besoin de payer de loyer, t’as pas besoin de payer la nourriture, ah la belle vie, ahahah ». Puis quand il voyait que je commençais vraiment à chercher un appart et commencer à faire mes boîtes, là il a dit « ben là tu devrais rester un peu, économiser », et tout.

Toujours aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il commence à me prendre au sérieux, mais toujours il est en train de me dire « Oh mais pourquoi tu ne vas pas étudier dans tel domaine, il y a beaucoup d’emplois là dedans ». Et moi j’ai dit, ben j’ai toujours été autour de l’art., c’est pas ça qui va changer, je ne vais pas mentir à moi-même. J’ai occupé la job que j’avais quand j’ai quitté chez mes parents, que j’ai eu une semaine après avoir quitté, c’était une job dans les assurances. C’était de l’entrée de données chez Manuvie puis ça m’emmerdait profondément comme emploi. J’ai occupé un emploi un peu similaire mais mieux payé après. Puis c’est après ça que j’ai eu un emploi de bureau mais dans une boîte multimédia, puis que je trouvais cool mais que j’étais pas assez qualifié donc finalement ils m’ont mis à la porte après ça.

Puis après je me suis mis sur le chômage puis j’ai commencé à faire mes projets photos plus sérieusement. J’avais déjà mon site web, mais là c’est comme là que j’ai dit mais là, il faut que je me trouve des contrats. Plus à cran, parce que en dépend de ma survie, puis je m’étais dit si je fais les contrats photos, les contrats techniques de scène, j’ai commencé à faire de la figuration aussi, puis les contrats événementiels, avec ça je vais vivre. Mais finalement c’est difficile, même aujourd’hui encore, ça fait un an. Là mon chômage est fini, là je suis 100% à mon compte, et puis c’est vraiment pas facile.

Je pense que là quand il voit que mes démarches sont sérieuses, que j’ai des clients, j’ai mes systèmes de facture, là je pense qu’il commence à prendre au sérieux. Mais c’est pas qu’il ne me prenait au sérieux avant, mais je pense qu’il croyait pas à mes projets. Du moment que ça marche, là il commence à croire. Mais avant, quand tu es en train de struggle, il n’y croit pas, il dit « va faire autre chose à la place, tu vois bien que les arts ce n’est pas un domaine stable, il faut que tu trouves quelque chose de stable ». Mais la vérité c’est que je pensais que j’avais besoin de stabilité, je pensais que je voulais une job de bureau stable. Je l’ai fait pendant quelques années. C’est pas pour moi.

Il me voit comme un adulte parce que il voit bien que j’ai réussi à vivre ces années là sans eux, sans vivre chez eux. J’arrive même à me payer des voyages quelquefois, au moins une fois par année, c’est mon objectif. Depuis 2015, j’essaie de faire au moins un voyage en avion par année. So far so good. Mais ça c’est mon petit extra que je me fais. Je me dis si je suis capable de me payer cet extra là, ça veut dire que je peux faire plus que survivre. Je vis, puis je vis de façon indépendante. C’est comme ça que je pense. Moi, ce serait une autre définition d’être adulte aussi, complémentaire à ce que j’ai dit tantôt, mais le fait d’avoir son indépendance, pas juste survivre, mais être capable de vivre, profiter de la vie. Puis être indépendant en même temps.

Est ce que tu sais ce qu’ils faisaient à ton âge tes parents ?

Ma mère m’a eue quelques mois avant ses 30 ans. En fait, si j’étais ma mère à l’âge que j’ai en ce moment quelques mois avant mes 30 ans, je m’aurais eu. Elle avait déjà accouché de moi à l’âge précis que j’ai aujourd’hui. Elle travaillait dans un bureau à temps plein. Pas tout à fait secrétaire mais, c’était une job qui ne la traitait pas assez bien en fait, elle a fait trop longtemps là-bas, elle a fait quelque chose comme 25 ans là-bas. Puis c’est il y a quelques années qu’elle a fait une formation pour être secrétaire médicale, puis là elle est légitimement secrétaire et avec une paye en conséquence. Elle se faisait un peu exploiter, mais c’est comme ça.

Mes deux parents, ont vécu l’immigration. Ma mère est partie, elle était enfant. Mon père lui est parti de son âge adulte. Il est passé par New York avant, quelques années. C’est comme ça qu’il a rencontré ma mère, il était en voyage à New York, puis ils se sont rencontrés là-bas. Puis en 83 ils se sont mariés. Donc en 83, mon père avait 26 ans, ma mère avait 24.

Et à 30 ans, mon père, donc en 87, il avait déjà eu ma soeur. Je pense qu’il travaillait dans un Harvey’s à l’époque. Il aimait bien aller chez Harvey’s par contre. Puis grâce à ça, pendant longtemps il faisait des gros barbecues. On avait une maison pas très loin de où ils habitent en ce moment, mais avant il y avait une gigantesque cour. Puis il faisait des barbecues avec la famille. Des deux côtés la famille, de son côté à lui mais aussi du côté de ma mère. Puis il y avait toujours 50 ou 60 personnes qui venaient là. Puis c’étaient les barbecues légendaires. C’était comme tout le monde l’attendait le gros barbecue de mon père pendant l’été, toujours en juillet il faisait autour de la fête de ma soeur et de ma mère.

Est ce que tu pense que la vie était mieux avant, pour nos parents ?

Pour la génération de mes parents, peut-être oui. Pour mes parents en tant que tel, je ne pense pas. Parce que comme j’ai dit ils ont vécu l’immigration, puis même si ma mère a été scolarisée ici, elle a quand-même dû faire des sacrifices quand elle a eu ma soeur et moi. Mes parents ont fait des sacrifices, on n’a pas vraiment pris de vacances en famille. Les vraies vacances. Des fois on partait quelques jours à New York mais c’était toujours juste aller voir la famille. Jamais partir en vacances quelque part et visiter vraiment l’endroit pour l’endroit lui-même et non pas accessoirement juste parce que la famille est là. Mais ma soeur et moi on a été à l’école privée. C’était un énorme poids financier aussi pour eux. On ne vient pas d’une famille riche mais ma famille c’est les gens cultivés mais ne sont pas riches donc ils l’ont pas eu facile mes parents.

Mais pour leur génération de baby boomers, ouai. Je sais que mon père, lui, le choix qu’il a fait c’était soit de rester en Haïti mais de venir étudier en ingénierie ou un truc similaire, ou de quitter le pays puis d’aller essayer ailleurs parce qu’il voyait qu’il n’y avait pas vraiment d’avenir là bas. C’était l’époque des dictatures donc, lui il s’est dit ben je vais prendre une chance ailleurs.

Est ce que tu penses que ce sera mieux demain pour la générations qui arrive après ?

Je ne sais pas, je pense qu’il faut faudra que la vieille génération politique sorte. Parce que maintenant les enfants d’aujourd’hui, tu sais même nous, quand on a grandi, on a grandi avec « ah oui, non au racisme, il faut recycler, il faut être écologique » et tout. Mais la génération après nous, eux c’est encore plus. Pour eux, il y a des trucs qui sont inconcevables que nous on fait, que même la génération des milléniaux on n’a pas encore tout à fait intégré, que eux c’est… La communauté LGBTQ, le fait qu’il y ait des gens que leur identité de genre n’est pas binaire. Ces enfants là ils ont tout compris déjà, c’est intégré et c’est bien intégré. Il n’y a pas de « Oh oui, mais… » Non. Mais je pense qu’il va quand même falloir changer la garde politique. Puis il y a un manque de mouvement surtout par rapport au changement climatique. En ce moment,c’est pas beau ce qui s’en vient pour les générations à suivre et même qui sont déjà présentes. Donc je ne sais pas. Je pense que ça va prendre beaucoup d’efforts. Il y a certaines choses qui seront plus faciles en termes d’acceptation, en termes de valeurs plus progressistes. Mais n’empêche que ce n’est pas eux qui sont des gens qui font les décisions au pouvoir. Donc on a le temps de vraiment fuck up le système avant que eux puissent faire quoi que ce soit pour essayer de régler le tir. Donc je ne suis pas sûr en fait que ça va être mieux pour eux. Malheureusement. C’est triste à dire mais ouai.

Comment tu vois ton avenir à toi ?

Ne jamais travailler pour quelqu’un, plus jamais. Comme continuer à faire ma propre business. Peu importe si c’est photo ou pas ou plus large que la photo. Je commençais à faire un peu de vidéo. Je m’essaye des fois un petit peu dans le graphisme. Donc, ouai d’avoir ma propre entreprise enregistrée, parce que là je le fais encore à mon propre nom. Je ne suis pas encore le revenu que je suis obligé de m’enregistrer. Mais ouai d’avoir mon entreprise avec quelques employés.

Puis avoir fonder une famille aussi, d’ici 10 ans. Je sais que ma copine aussi elle veut avoir sa propre entreprise. Donc si on pouvait les deux être à notre compte, être nos propres patrons. Ça ne fait pas très longtemps qu’on est ensemble, mais si on reste ensemble plus longtemps, ça serait les deux ensemble indépendants. Les deux à la tête de leur propres entreprises.

Tu veux des enfants ?

Ouai. J’aimerais bien.

Pourquoi ?

Je commence juste à vouloir des enfants. Il y a quelques années j’aurai dit c’est pas si important que ça. Là je suis en train de me dire, j’aimerais bien. Mais c’est comme pour, c’est pas une bonne raison à dire ça, c’est comme pour laisser une marque dans le monde. Mais je sais pas, si j’ai des enfants je veux être prêt, je veux pas en faire n’importe quand avec n’importe qui. Mais, je sais pas, pour passer le flambeau. Toi, est-ce que tu en veux des enfants ?

Je suis passée par plusieurs phases. Au début, pendant longtemps je n’en voulais pas. Il y a quelques années, à peu près trois, quatre ans, je ressentais vraiment l’envie tu vois à l’intérieur de moi d’en avoir. Et là depuis à peu près, je ne sais pas, six, sept mois, je me dis que finalement, je sais pas… Genre que ce soit en terme de vie personnelle, en terme du monde, de l’écologie de tout ça tout ça, je me dis… Mais j’ai aussi ce truc de passer le flambeau et laisser une marque, de transmettre le gène. Je sais pas, je suis en dilemme entre ces choses là.

Le danger c’est d’essayer de vivre à travers ses enfants aussi, d’essayer de leur faire réaliser les rêves que nous on n’a pas réussi à réaliser. Ça je ne veux pas. J’espère que je ne deviendrais pas cette personne là. Je veux au moins que ces enfants là soient heureux, peu importe qu’est-ce qui les rend heureux. Puis au moins, j’aimerais ça qu’ils grandissent pour que ce soit des personnes qui aient une conscience sociale et qui soient, pas obligé d’aller s’impliquer follement, bénévolement et tout, mais juste être conscients des dynamiques socio-économiques et tout, pour pas juste être. Tu sais avoir des enfants pas avoir des enfants, puis les laisser vivre pour vivre, mais genre jamais, ça jamais. J’aimerais qu’ils puissent apporter quelque chose de bien au monde, peu importe ce que c’est.

Comment tu vois l’amour ?

Je suis comme entrain de découvrir ça dans la vie. J’ai eu ma première copine à 24 ans seulement. Je n’étais pas vraiment prêt à l’époque. On est jamais vraiment prêt à son premier copain, à sa première copine. On apprend beaucoup sur soi-même. On pense qu’on va être d’une certaine manière… Enfant, je pensais que j’allais être hyper romantique. Puis finalement, ma copine disait que je le suis, mais… Je sais pas, je pensais que j’allais être plus mature aussi, émotionnellement. Mais l’amour c’est d’être capable d’être, c’est vraiment cliché mais, d’être soi-même avec la personne avec qui t’es dans l’amour. On est bizarre elle et moi des fois là, on fait des trucs bizarres. Mais comme, on se comprend. C’est sentir que la personne ne va pas te juger pour ces petits trucs là, pouvoir déconner ensemble, pouvoir avoir des discussions profondes ensemble, pouvoir être amis en même temps, partager des projets ensemble. Nous on s’est rencontrés grâce à la musique. Puis des fois on fait un peu de musique ensemble. Je trouve que c’est important d’avoir, pas juste des buts communs, mais des projets communs. S’encourager dans les projets mutuels. Comme elle, si elle veut ouvrir un restaurant, je vais l’aider là-dedans, si moi, déjà elle m’aide pour un peu ma business de photographe, donc ça c’est quelque chose d’important. Être capable de respecter l’espace de l’autre mais en même temps pouvoir s’intégrer à cet espace là puis s’intégrer à la vie de l’autre, mais sans être dépendant de l’autre, mais complémentaires.

Comment tu vois les concepts de couple, de mariage, d’engagement, comme on nous a appris ?

Je pense pas qu’on est obligé de se marier pour être engagés. J’ai ma marraine, qui est ma cousine, elle est en couple avec le même gars depuis l’adolescence puis maintenant elle est rendue fin quarantaine. Ils sont juste un couple, ils sont conjoints maintenant parce que ça fait un certain nombre d’années qu’ils sont ensemble mais ils ne se sont jamais mariés puis maintenant ils ont deux enfants ensemble. Mais avant même d’avoir deux enfants ensemble ils ont fait plusieurs décennies à être en couple ensemble. Même chose pour une autre de mes cousines, maintenant elle a eu une première fille avec le gars puis ils ont eu des jumeau après, un gars, une fille, puis encore une fois ils ne sont pas mariés mais ils sont ensemble puis ils ont l’air heureux.

Donc la vision traditionnelle, c’est comme quand on était petit, surtout on a grandi avec les films Disney, princesses et tout ça. C’était comme le but c’est, il faut que tu te maries, si t’es un gars faut que tu trouves une femme à marier, si t’es une fille faut que tu trouves quelqu’un qui va vouloir… Mais c’est tellement archaïque comme vision du monde. On peut être heureux sans se marier puis même sans être à long terme en relation.

Il y a beaucoup le concept de serial dating, dans notre génération qu’on dit ça. C’est d’être monogame en série, d’avoir plusieurs relations monogames mais l’une après l’autre au lieu d’une longue relation. Ça peut marcher une longue relation mais je pense que on a appris en tant que génération à avoir le choix, que ce soit en amour, en emploi, on a beaucoup de choix. On est exposé à beaucoup de choses, ce qui fait en sorte, pour le meilleur et pour le pire hein, mais qu’on a cette perception d’avoir toujours le choix. Puis des fois ça fait en sorte qu’on passe à côté de quelque chose de beau. On se dit « Ah bah oui mais je peux toujours trouver mieux ailleurs ». Mais en même temps des fois ça encourage aussi à explorer. Puis il faut que tu explores pour être capable de te connaître.

Ma mère, la relation qu’elle a avec mon père, c’est la première relation qu’elle a eue de sa vie, c’est la seule relation de couple qu’elle a eue de sa vie. Puis je pense qu’elle aurait été une personne complètement différente si elle avait pu, si elle avait senti qu’elle avait pu explorer davantage. Mais c’était comme pas bien vu. Aujourd’hui, c’est chose commune, surtout avec tous les sites, les applications de rencontre, c’est commun d’aller explorer, visiter d’autres options.

Mais cette vision de l’amour éternel, puis une seule personne, et puis l’âme sœur, je ne crois pas vraiment à ça. Il n’y a pas une personne pour toi. Il y a plusieurs personnes qui vont… ça va bien marcher avec toi pour plusieurs raisons, pour différentes raisons. Puis je ne crois pas à la vision traditionnelle de l’amour et du mariage.

Tes parents ils sont ensemble ?

Mes parents sont encore ensemble mais ça n’a pas toujours été joyeux. Ma mère a beaucoup pris sur elle. Je ne sais pas si je devrai le dire… Mais comme émotionnellement elle a pris beaucoup sur elle parce que mon père a jamais levé la main sur elle, jamais, et il le ferait pas, mais pour lui les mots faisaient moins mal que la violence physique. Donc elle a pris beaucoup sur elle pendant des années. Puis à un moment donné ça a failli éclater mais finalement ils sont encore ensemble. Ce n’est pas le couple le plus heureux que j’ai vu mais, ça a l’air de mieux aller, surtout maintenant, ma mère depuis cet été elle a acheté un chien, puis ça les a comme rassemblé les deux. Les deux sont gaga sur le chien et tout, puis ça a comme donné un peu un nouveau souffle.

Tu penses qu’ils sont amoureux ?

Ils ne me le montrent pas beaucoup en tout cas. Ils ont jamais… Ils ont arrêté de se donner vraiment des marques d’affection je trouve. Tu sens que, they care for each other, ils tiennent l’un l’autre mais amoureux. je sais pas.

Est-ce que tu leur raconte ta vie amoureuse ?

Si je leur raconte ? Vite fait.

Ils s’impliquent dedans ? Ils donnent leur opinion, ils te mettent un peu la pression, genre allez marie-toi ou des trucs comme ça ?

Je sais que mon père avait très hâte que j’ai une copine, puis pendant les quelques années que j’en n’avais pas, il me mettait de la pression, il me disait « Oh t’es trop difficile » et tout. Il me pose beaucoup de questions. Mais je reste, disons qu’avec mon père je reste plus vague qu’avec ma mère. Ma mère, des fois je lui en parlais de moi-même. Mon père, pour ma copine actuelle, je lui ai dis de moi-même parce que je sentais que j’étais prêt à lui dire, pas parce qu’il m’a mis la pression pour que je lui en parle.

Ils veulent des petits enfants ?

Ouai. D’ailleurs c’était tellement malaisant à un moment donné cet été, j’étais avec une date et puis on a été dans un party avec ma famille puis des cousins, cousines. À un moment donné il y a une cousine, beaucoup plus âgée que moi, une cousine mais elle a comme une cinquantaine et quelque d’années, puis là elle dit « Oh mais généralement quand les parents s’achètent un animal domestique c’est qu’ils sont prêts à avoir des petits enfants ». Puis là, la réaction de ma date c’était comme, on va faire semblant qu’on n’a rien entendu.

La petit pression subtile.

Ouai c’est ça! Je suis tellement pas prêt pour avoir des enfants en ce moment, même si un jour peut-être ouai j’aimerai bien mais comme en ce moment non là. Je ne suis pas prêt. J’essaye de garder la tête hors de l’eau financièrement et tout, donc devoir s’occuper d’un enfant en plus… Même avec ma copine, je veux dire, on n’est pas… Elle travaille dans un restaurant comme serveuse, puis moi je travaille, travailleur autonome. So les deux, c’est pas assez pour s’occuper d’un enfant. Pour le moment. Ma business n’est pas encore assez connue pour que je puisse 100% vivre de ça. Si j’étais capable de vivre 100% de la photo, et qu’en plus j’aurai les autres opportunités de contrats de figuration puis de technique de scène et tout. Là ouai là, je serai prêt. Si j’avais au moins 2000 par mois à chaque mois juste en photo au minimum, sure. Mais pas maintenant, dans quelques années peut être.

A propos de notre génération, on entend souvent qu’on a la bougeotte, qu’on est instable, etc. Est ce que tu penses que notre génération est de manière générale immature ?

Non je ne pense pas. Comme j’expliquais tantôt, c’est juste qu’on a la perception d’avoir le choix. Je pense qu’à un moment donné il faut que tu te case un peu là, que tu trouves c’est quoi ta voix, mais je ne vois pas de problème, à pendant des années et même jusqu’à la trentaine, mi trentaine, puis continuer à se chercher. Il n’y a aucune raison de trouver, de settle pour une job que t’aimes pas vraiment, puis rester là 30 ans de ta vie.

C’est juste une autre façon de voir le monde. C’est pas une question d’être mature ou pas, c’est juste… La job qui t’intéresse c’est une job stable, genre si tu vas en comptabilité ou en administration, si tu veux avoir une job stable, si c’est ça qui t’intéresse vas-y. Mais des gens comme moi, qui ont beaucoup fait un parcours assez sinueux, est-ce que je me sens immature par rapport à ça ? Non pas forcément. Je pense que j’ai beaucoup appris sur moi. Comme je disais, je pensais qu’une job de bureau c’est qu’il me fallait. C’est la conception avec laquelle on a grandi, qu’il faut que tu prennes une job stable et que tu restes là… Je ne pense pas que ça veut dire qu’on est immatures, je pense que ça veut juste dire qu’on a notre propre façon de voir les choses, notre propre vision du monde. On fait nos propres affaires.

On dirait qu’il y a plus de, l’entrepreneuriat est plus encouragé de notre génération justement grâce à Internet, Etsy, Youtube, etc. Comme tu peux beaucoup plus facilement vendre tes produits. Alors qu’avant pour vendre tes produits, comment tu fais pour vendre tes produits, tu prends un espace commercial, ça coûte cher un espace commercial! Comment tu t’arranges autrement, c’est pas genre juste bouche à oreille que tu vas aller vendre tes produits à tes amis puis à ta famille puis à leurs amis à eux. Mais là avec l’Internet ça ouvre une infinité de possibilités.

Donc ouai non, je ne pense pas que ça veut dire qu’on est immatures, on a juste trouvé une autre façon de jouer la game.

C’est quoi la plus grande force de notre génération ?

D’avoir grandi dans un monde où l’Internet s’est démocratisé, puis grâce à ça, ça fait le lien avec ce que je viens juste de dire, mais c’est grâce à ça, on est parfaitement capable d’aller chercher du monde de partout dans le monde.

En même temps, on est une génération qui avons vécu la transition d’un monde sans Internet à un monde avec Internet. Donc on a quand-même… je pense à la génération qui est venue après nous, puis je me dis ah, je me suis pas sûr que j’aurais aimé vivre dans un monde où il y a toujours eu internet toujours, tout le temps, sur les téléphones partout sans fil.

Je ne sais pas. En même temps je dis ça, peut-être que eux, probablement qu’ils se disent je n’aurais pas voulu vivre dans un monde où il n’y a pas Internet. Mais on ne savait pas, il n’y avait pas Internet, ça n’existait pas, c’était un concept qui existait mais c’était réservé aux universités, aux gouvernements et tout, c’était pas un truc qu’on utilisait en tant que population, donc… Mais d’avoir grandi là-dedans, puis d’avoir vécu la transition aussi…

Je ne sais pas ce que ça représente, je sais que c’est quelque chose d’important qu’on est la génération qui avons vécu la transition entre les deux vraiment. On a autant grandit sans ‘ordinateurs qu’avec les ordinateurs, puis on a vécu l’arrivée des smartphones, et tout. Mais je pense que ça veut dire qu’on est capables de bien jouer la game avec aussi les générations qui n’ont pas vécu d’une façon omniprésente avec la technologie informatique. On est comme un peu une génération charnière dans ce sens là. Je pense que ça c’est une de nos forces, d’être capables de comprendre les références de ceux qui sont venus après nous et de ceux qui sont venus avant nous parce qu’il y a vraiment, un moment charnière dans les années 90 où l’internet est arrivé là.

Il serait comment le super héros de notre génération ?

C’est intéressant comme question parce que t’as les séries Netflix, Marvel, de super héros, puis c’est souvent les super héros qui existaient déjà depuis longtemps mais qu’ils ont adaptés à la réalité d’aujourd’hui avec des téléphones et tout. Comme Luke Cage, un moment donné t’as une application, Hero App, puis là ils savent « Oh oui tel héros ont été spotté à tel endroit » et tout, si tu veux aller le rencontrer. Je trouve ça drôle quand-même.

Donc le super héros d’aujourd’hui clairement il serait connecté sur Twitter et Instagram et tout.

La dernière question, YOLO ?

YOLO !

Oui ? Toi tu le vois comme ça ?

Ouai. Il faut profiter de la vie, il faut profiter, tu vis juste une fois puis voilà, explore. Ne va pas, comme je dis, ne va pas rester quelque part où t’aimes pas, peu importe, relation, emploi, ville, lieu géographique… Va explorer parce que tu vis juste une fois puis profites-en.

Attends une autre question, tu vas faire une fête pour tes 30 ans ?

Oui.

T’as prévu une grosse fête ?

Je sais pas encore ce que je vais faire. Je vais probablement réserver quelque part un resto ou un bar. Mais pas vraiment réserver un bar, peut-être plus un restaurant, puis inviter beaucoup de monde, puis faire le party après. C’est sûr que je veux faire quelque chose pour mes trente ans.

Merci.

Merci à toi.

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